Odilon Redon, Prince du rêve au Grand Palais

Publié le par Rhoda

 

Au début de l’année, à Amsterdam, j’étais tombée en arrêt devant un tableau d’Odilon Redon au Musée Van Gogh. Jamais auparavant ce peintre ne m’avait intéressée. Dans le combat des naturalistes et des symbolistes, j’ai toujours préféré les premiers. Manet plutôt qu’Odilon Redon. Madame Bovary plutôt que la tentation de saint Antoine. Pour la première fois, devant une toile représentant une silhouette à peine matérielle sur fond de fleurs délicates, j’étais saisie et entrainée par la rêverie qui s’en dégageait. Je me promis de m’intéresser un peu plus à ce peintre jusque là dédaigné.

 

On ne désire jamais en vain… Voilà que le Grand Palais propose en ce moment une exposition entièrement consacrée à Odilon Redon. Brin d’Acier l’a vue avant moi et comme nous en parlions, il m’apprit que l’œuvre d’Odilon Redon dont les couleurs m’avaient éblouie se signalait en son début par des « noirs », des œuvres au fusain, des gravures, toutes les techniques qui lui permettaient de réaliser des œuvres à la noirceur empoisonnée.

 

Odilon Redon, Démon ailé tenant un masque,1876, Crayon Conté, fusain, papier chamois –

Odilon Redon - Démon ailé tenant un masque - 1876

 

Doublement intéressée, j’ai entrainé l’Homme au Grand Palais dimanche dernier, au mépris de Roland Garros et du Grand Prix de Monaco.

 

Bonne surprise, l’exposition n’attire pas grand monde et peut être vue très confortablement malgré le petit format de nombreuses œuvres.

 

Elle s’ouvre par la période des fameux Noirs. De nombreux albums réalisés par Odilon Redon sont présentés in extenso, ce qui a dû demander un travail considérable aux commissaires de l’exposition et qui est vraiment appréciable. Odilon Redon a rejeté violemment l’enseignement du très pompier Jean Léon Gérôme. Il s’est réfugié dans le dessin et la gravure dont il a exploré les nuances monochromes. Il a représenté inlassablement des monstres, des anges, des démons sortis de son imagination. Ses monstres n’ont pas la drôlerie de ceux de Jérôme Bosch. Ils sont angoissants.

 

Odilon Redon - Panneau rouge, 1905 huile et détrempe sur toile, collection particulièreAu bout de cinq ou six salles passées à s’absorber dans la contemplation inquiète de cet univers sombre, l’Homme et moi fûmes heureux de voir surgir la couleur dans la deuxième partie de la carrière d’Odilon Redon. Que dis-je, la couleur… des torrents de couleurs. Odilon Redon a en particulier réalisé des pastels dont les verts bleus phosphorent. Ses couleurs sont irisées, matière mouvante, elles coulent et se mêlent. Il a peint des fleurs par brassées, japonisantes ou débordantes. Des flots infinis. Des vitraux de lumière. J’ai retrouvé le peintre admiré à Amsterdam.

 

A la fin de sa vie, il s’est même lancé dans la décoration et la reconstitution de la salle à manger du château de Domecy est éblouissante.

 

Décidément, je préfère la couleur.

 

Je l’ai retrouvée dans le petit jardin ensoleillé derrière le Grand Palais où l’Homme m’attendait depuis un moment déjà en rongeant son frein. Il m’a entrainée vers le Pavillon Lenôtre pour un délicieux déjeuner. C’était d’autant plus gentil de sa part que la lenteur du service l’a privé des accidents qui ont émaillé la fin du Grand Prix. Mais le dessert à la pêche le valait bien !

Publié dans Musées - expositions

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R
<br /> Ferait beau voir que l'Homme regarde la télévision dans un musée ou quand il mange en face de moi !<br /> <br /> <br />
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B
<br /> N'y a t'il point Orange TV avec un forfait 3G ?<br /> <br /> <br />
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