L'antiquité rêvée au Louvre
Edme Bouchardon - L'amour se faisant un arc dans la massue d'Hercule - 1750 - Musée du Louvre | Vendredi dernier, je suis allée au Louvre, rêver l'antiquité avec les artistes du XVIIIème siècle. Ils allaient tous faire leur grand tour d'Italie et y recueillir les influences qui fonderaient leur réflexion et leur art. A l'époque, on commençait les fouilles de Pompéi et d'Herculanum. Ces jeunes gens avaient donc de bonnes raisons d'être plus fortement influencés par l'antiquité que par le baroque romain.
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L'exposition souligne combien une même source conduit à des interprétations variées. Certains adoptent le point de vue de Winckelmann et cherchent dans leurs œuvres "la noble simplicité et la calme grandeur" antiques. En peinture comme en sculpture les gestes sont mesurés, les sentiments vertueux, les lignes droites, les expressions retenues. Ce sont les grands formats de David (ceux qui ornent les manuels d'histoire), les sculptures de Bouchardon, les bustes qu'on se devait de faire réaliser de soi-même ... D'autres plongent des sujets antiques dans des débauches de courbes, de volutes et de sensualité qui doivent plus au baroque du Bernin qu'aux portiques du forum. C'est ce qu'on peut admirer dans la peinture de Régnault, de Boucher ou la sculpture de Thomas Banks ou d'Adam. Pour d'autres enfin, il m'a semblé qu'ils ne gardaient de l'antique que quelques éléments de décoration, toge ou meuble et s'enfonçaient gaiement dans le symbolisme le plus décadent.
Ensuite Napoléon ouvrirait un nouveau siècle et une nouvelle mode archéologique. L'Egypte supplanterait la Grèce et Rome. Perle de Rosée disait hier en goûtant la purée violette de pommes de terre vitelottes qu'elle ne comprenait pas qu'existassent des modes culinaires. Il y a des modes en tout mon enfant. Apprends-le.