Une séparation d'Asghar Farhadi

Publié le par Rhoda

Une séparationRappelez-vous : avant le printemps arabe, il y a eu le mouvement vert en Iran. Mouvement qui ne fut hélas pas couronné de succès mais qui nous a permis de constater que la société iranienne était moins verrouillée que nous le pensions, avec notre point de vue européen.

 

Comme un autre symptôme, le cinéma iranien est particulièrement vivace et produit régulièrement de très beaux films qui savent nous interpeler. Et ce n'est pas si courant. Combien de pays sont dans ce cas ? Une petite dizaine dans le monde.

 

C'est le deuxième film d'Asghar Farhadi que je vois, après A Propos d'Elly. Il confirme sa position d'observateur d'une classe moyenne iranienne éduquée, libérale, dont le mode de vie n'est pas très éloigné du nôtre. Une classe moyenne coincée entre le désir de faire changer son pays et le découragement, le désir d'exil.

 

Une Séparation oppose deux couples, l'un issu de cette classe moyenne, libéral, l'autre d'extraction modeste, sans instruction, religieux. Cette opposition est filmée à hauteur d'homme et de femme, d'une façon très sensible. Elle met en lumière une structure très inquiétante de la société, un clivage immense qui semble inconciliable. Il évite pourtant le manichéisme. Personne ne gagne vraiment.

 

On se demande comment le régime iranien a pu valider ce film, autoriser le tournage, autoriser sa sortie à l'étranger, sa présentation au festival de Berlin où il a remporté l'Ours d'or. On se demande à quels expédients Asghar Farhadi a dû recourir pour y arriver, quels risques, quels mensonges, quelles corruptions.

 

Pour encourager ce cinéaste et tous ceux qui prennent des risques pour la liberté de créer en Iran, mais surtout parce que c'est un très bon film, allez voir Une Séparation.

Publié dans Films

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