Film : Au fond des bois de Benoît Jacquot

Mais qu'est-ce qu'ils avaient, ces gens du XIXème siècle avec leurs histoires de magnétisme ? On en trouve partout. ils sont tous fascinés, même les écrivains les plus réalistes. J'émets deux hypothèses :

1. Le magnétisme fournissait une réponse convenable à des phénomènes nés de la force de la sensualité ou des tréfonds de l'inconscients qui ne pouvaient pas être examinés frontalement à l'époque.

2. A l'époque de l'essor du rationalisme, ces bouffées de magie font du bien.

Dans son film Au fond des Bois, Benoît Jacquot évoque un fait divers réel qui se range dans le cas n° 1.Une jeune fille exaltée vit dans un endroit retiré avec la religion pour seul exutoire. Survient un vagabond mystérieux au regard fascinant et au reste pas très présentable : crasseux, boiteux, il passe à tort pour un demeuré. Envoutée, au mépris des codes sociaux, elle le suit en robe blanche dans une cavale bucolique.

Est-elle vraiment envoutée? On ne le sait jamais. Les scènes où la jeune fille entre en transe devant des tiers sont si caricaturales, un peu comme si c'était moi qui jouais ça, qu'on n'y croit jamais vraiment. En revanche, on croit aux scènes d'amour sauvages sur le sol inconfortable. Ces scènes mettent en évidence l'inversion des rapports des protagonistes (avec tous les jeux de mots que vous voudrez). Il tombe en son pouvoir à elle.

La possession qu'ils éprouvent tour à tour est une violente et physique passion. Une passion où l'on pourrait craindre de perdre son âme. Mais non, car elle n'a qu'un temps. Quand nos deux sauvageons réintègrent le monde des hommes, chacun retrouve le destin qui lui était tracé. Sauf que notre blonde héroïne garde quelque chose d'effrayant dans le regard.

C'est un film original et sensible. Décidément, Benoît Jacquot est un cinéaste à suivre. Vous vous rappelez Villa Amalia l'année dernière ?