La Trilogie berlinoise de Philip Kerr

Publié le par Rhoda

Trilogie BerlinoiseCe matin, Audrey Pulvar (vous savez, la journaliste qui a été virée de I-télé parce qu'elle vit avec le bouillonnant Arnaud Montebourg lequel s'est déclaré candidat aux primaires du PS. Heureusement pour elle, France Inter est moins méfiante.) conseillait de bons gros pavés à lire pour ce week-end qui sera pluvieux. J'ajouterai une bonne raison pour rester sous la couette : dehors, c'est les soldes. Si vous ne les avez pas déjà faites comme Biscotte en trainant votre mollet blessé un jour de RTT, je vous recommande d'attendre encore un peu : le premier samedi, c'est l'horreur. Alors comme Audrey, je vous recommande une lecture roborative et distrayante : la Trilogie Berlinoise de Philip Kerr, que je viens de finir.


Les trois premiers polars de la série  de l'enquêteur Bernhard "Bernie" Gunther ont été réunis en un seul volume par le Livre de Poche. Ça vous fait un bon millier de pages, de quoi occuper un week-end.


Je sais bien qu'on ne doit plus dire "polar" mais "roman noir". "Polar" c'est un terme infamant pour un genre qui est en train d'acquérir ses lettres de noblesse. Mais moi j'ai toujours aimé les polars. Alors je continue.


Si je vous conseille ces trois-là, ce n'est ni pour la qualité de l'écriture (qui n'a pas été très travaillée) ni pour l'astuce des intrigues. Leur principale qualité réside dans l'atmosphère et l'époque très particulières qu'ils décrivent. Les actions se déroulent à Berlin en 1936, encore à Berlin en 1939 puis à Berlin et Vienne en 1947. L'enquêteur, Bernhard Gunther, est allemand. Tantôt flic de la Kripo, tantôt privé, c'est un de ces 'hard boiled' qui fume trop, boit trop, aime trop les femmes, encaisse bien les coups, fonctionne à l'intuition et développe un sens du travail bien fait qui lui tient lieu d'éthique.


Le premier roman se déroule pendant la préparation des jeux olympiques. Les juifs et les homosexuels sont persécutés. Les asiles psychiatriques se vident par magie. Les industriels prêtent la main au régime. Les femmes sont renvoyées à leurs foyers et à leur rôle de procréatrices. La ville se transforme, les avenues s'élargissent, l'architecture s'alourdit et se rectilignise. Et on ne trouve plus de chaussures de qualité. Gunther observe avec dégout ces évolutions. C'est un homme lucide et cynique, doté de courage mais pas d'héroïsme. Alors il continue son boulot.

 

Dans le second roman, La Pâle Figure, la montée vers la guerre est sensible. Gunther est plongé dans les complots et les luttes de pouvoir d'un parti fanatique gangrené par la folie et l'occultisme. Le roman se termine dans l'apocalypse de la Nuit de Cristal.


Nous retrouvons Gunther après la guerre, dans un Berlin dévasté, partagé entre les puissances victorieuses. Entre la chasse aux nazis, le marché noir, la corruption et la peur du communisme, l'ambiance ne s'est pas allégée.


Et Philip Kerr n'hésite pas à peupler ses romans de personnages historiques, de vrais nazis, seconds rôles inquiétants. On croise ainsi Goering, Himmler, Heidrich, Streicher (directeur du torchon antisémite Der Stürmer), Nebe. Le romancier semble s'être vraiment bien documenté sur cette époque. On s'y croirait. C'est pour ça qu'il faut le lire. 

Publié dans Livres

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<br /> La trilogie berlinoise est une très belle surprise pour moi : c'est ce à quoi je m'attendais, mais en beaucoup, beaucoup mieux...<br /> <br /> J'ai adoré l'ambiance du livre : le trait n'est pas forcé, je trouve ça vraiment très agréable !<br /> <br /> J'ai très envie de découvrir d'autres livres de Philip Kerr :)<br /> <br /> Si jamais ça t'intéresse, tu trouveras mon avis sur mon blog...<br /> <br /> Joli article, je reviendrais ;)<br /> <br /> Bonne continuation !!<br /> <br /> <br />
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