Giulio Cesare de Haendel à l'Opéra Garnier (ou presque)

Publié le par Rhoda

Giulio Cesare

 

Intéressante initiative que celle des salles de cinéma UGC qui retransmettent des représentations d’opéras qui ont lieu dans le monde entier.  L’opéra  en vrai c’est très cher et les places sont parfois difficiles à obtenir. En plus on n’y connaît rien. Alors on se lance un peu au hasard, une fois tous les cinq ans et on va en voir un. C’est un monde vaste, on aurait bien envie de l’explorer mais on baisse les bras. Au cinéma, tout devient plus facile.


Loukoum m’a invitée lundi dernier à l’UGC Bercy pour assister à la retransmission de Giulio Cesare de Haendel qui avait lieu au même moment à l’Opéra Garnier. Alors bien sûr, pas de robe du soir, mais il faut reconnaître que même dans les vrais opéras, ces charmants usages se perdent. Et puis quand même, un bar qui sert du champagne pendant les deux entractes. Des petites ouvreuses en robes noires. Un public recueilli et silencieux. Et même quelques applaudissements.


Bien sûr, ce n’est pas aussi émouvant qu’une vraie salle de spectacle. C’est un pis aller. ça doit faire hurler les vrais amateurs. Mais je suis une néophyte et si c’est ça ou rien je préfère ça.


Il y a une chose, une seule chose qui m’agace prodigieusement. C’est cette manie des gros plans. On ne voit presque jamais toute la scène, il faut toujours que la caméra soit plantée entre les poils de nez des chanteurs. Cela tue une bonne partie de la magie du spectacle. Ainsi, nous n’avons pas pu penser une minute que le sein malicieusement dévoilé de Natalie Dessay était le sien. Nous avions aussi une vue imprenable sur les glottes des chanteur.
La mise en scène de Laurent Pelly installe l’action dans les sous-sols d’un musée. J’ai trouvé que c’était plutôt une bonne idée tant que nous étions dans les réserves égyptiennes. Cela permet des images délicieuses comme celle de Cléopâtre sautillant sur une monumentale statue de pharaon, ou prenant timidement la main d’un grand César de marbre. C’était beaucoup moins réussi au deuxième acte quand elle s’est retrouvée avec les muses vêtue de robes en rideaux à crinoline dans les tableaux à la Jean-Léon Gérôme (tiens, faudra que j’en parle de celui-là !). Loukoum n’a pas apprécié du tout ce choix. Son esprit éminemment cartésien s’est irrité du double emploi de la cohorte des figurants tantôt dans l’action avec les chanteurs (soldats, domestiques…) tantôt manutentionnaires du musée à une autre époque. C’était une astuce du metteur en scène pour animer le plateau et faire bouger les décors. Il faut parfois faire la part des contingences.


Venons-en aux acteurs-chanteurs. Je ne me permettrai pas de critiquer leur performance vocale. Je n’y connais rien. Ils étaient soutenus par l’Orchestre du Concert d'Astrée avec à sa tête la dynamique Emmanuelle Haïm. C’est un orchestre baroque. Le son m’en a paru rond et doux. Natalie Dessay a campé avec brio une Cléopâtre tour à tour espiègle et malicieuse ou passionnée et émouvante. Je ne pensais pas qu’une chanteuse d’opéra pouvait se démener ainsi sans rien perdre de l’éclat de sa voix. Elle est éblouissante. J’ai moins aimé son César (Lawrence Zazzo) que j’aurais souhaité plus volontaire. En revanche, j’applaudis le frère félon, Christophe Dumaux, qui n’a pas hésité à en rajouter sur le mode comique.


Bref, une très bonne soirée et une découverte.

Publié dans Théâtre

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