Stupeur et Tremblement d'après Amélie Nothomb

Publié le par Rhoda

stupeur et tremblementA la fin de son spectacle, Laya Metssitane s'est adressé directement à nous, spectateurs, pour nous remercier, nous signaler que ses représentations au Petit Hebertot touchaient à leur fin ce week-end, et nous prier de faire savoir autour de nous si le spectacle nous avait plu. C'est le cas. Je considère donc cette promesse comme sacrée et je m'empresse de publier.


Nous sommes allés la voir jouer au Petit Hebertot mercredi. Nous, c'etait Leia, de passage à Paris pour quelques jours, et Cheval Cabré qui remplaçait au pied levé l'Homme, retenu par des devoirs discutables.A cette occasion, Cheval Cabré a appris qu'il pouvait y avoir des 'before' qui se passent au théâtre. Invité par un SMS peu explicite, il s'attendait à passer ce bécote autour d'une table de bar mais fut finalement ravi de ce programme inattendu. Le spectacle se joue de 19h à 20h15, ce laisse largement le temps de profiter d'une soirée entre amis après, ce que nous fîmes, rejoints par l'Homme enfin libéré.


Laya Metssitane, jeune comédienne à la personnalité affirmée se met seule en scène dans une adaptation fidèle de Stupeur et Tremblement, le célèbre roman d'Amélie Nothomb. Elle est fidèle mais choisit délibérément un éclairage militant.


Vêtue au début d'un voile islamique intégral, elle s'en défait lentement, gracieusement, puis se maquille sous nos yeux en poupée nippone, visage blanc crayeux, petite bouche rouge, traits effacés, sourcils stylisés. Tout le temps que dure cette transformation, elle égrène une description terrible de la condition de la femme japonaise qui, si elle n'est pas voilée, se voit dénier tout épanouissement, toute perspective de bonheur. Parfois le voile n'est pas visible, mais le corset social est bien serré, le corps des femmes est toujours la première cible des sociétés.


Ensuite, Laya Metssitane reprend le fil narratif du roman, joue devant nous la nuit de folie d'Amélie dans les bureaux de la grande société japonaise, la chute hiérarchique qui la mène de sa calculatrice se comptable à la balayette des toilettes. Et surtout, elle fait dresse le portrait fasciné de Fubuki, sa supérieure, incarnation de la parfaite nippone, enfermée dans une aporie sociale du fait même de cette perfection.


Bizarrement, les scènes choisies sont moins drôles, plus tragiques dans le jeu de la comédienne que dans le roman. C'est une lecture différente, plus consciente que la mienne mais elle n'est pas sans justification.
Un jour, il faudra que la femme occidentale prenne aussi conscience des violences qui lui sont faites. Cette exigence de minceur, ces talons qui l'entravent, ces épilations ne sont-ils pas les prisons par lesquels les hommes protègent leur position dominante ?

Publié dans Théâtre

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