Trois jours à Séville (I)

Publié le par Rhoda

 

 

Nous sommes partis pour nos vacances en Andalousie le lundi 14 mars avec une bonne dose de fatigue et de nuages à oublier. Nous comptions pour ça sur la douceur de vivre dans ce lointain sud .

Nous avons atterri à Séville sous la pluie. Dommage, mais ça n'allait pas durer bien longtemps. Dix kilomètres de taxi et un petit dérouillage linguistique plus loin, nous voilà dans un délicieux hôtel en plein cœur du quartier de santa Cruz. Ce quartier se compose d'étroites ruelles, de maisons jaunes et blanches entassées les unes sur les autres alignant sur la rue les belles grilles de leurs fenêtres. Mais ces maisons cachent souvent des patios adorables que leurs habitants verdissent et fleurissent avec une multitude de plantes en pots, un peu comme sur ma terrasse. En plus, il y a parfois une fontaine au milieu et j'envisage sérieusement d'en faire aménager une par l'Homme sur la terrasse.

Notre hôtel comportait plusieurs de ces maisons, autour de plusieurs patios. Confort simple mais endroit délicieux. D'ailleurs je vous en indique le site, au cas où : las Casas de la Judería.


Dès l'après midi, nous avons entrepris la découverte des sites historiques de Séville. Nous avons commencé par la cathédrale, immense et gothique. Nous y avons retrouvé ces retables immenses et dorés, baroques et chantournés, collés au fond de toutes les chapelles, et ces vierges de cire vêtues de velours brodés d'or, plus rutilantes que des sapins de Noël. Nous allions en voir partout. En revanche, les retables seraient rarement aussi beaux que celui qui orne la capilla mayor. C'est un retable flamand gothique (ceci explique peut-être cela), il est immense et composé d'une multitude de petites niches où des centaines de personnages hauts en couleur jouent depuis des siècles des scènes de la vie de Jésus et familia. Hélas on ne peut s'en approcher, il est derrière des grilles plateresques presque aussi belles que lui.


Nous nous sommes longuement recueillis, et nous avons prié pour nombre de nos amis, devant la chapelle de san Isidoro, évêque de Séville à l'époque wisigothique.  Le Vatican l'a nommé patron de l'internet et des informaticiens en 2001 sous prétexte qu'il aurait écrit une oeuvre dont la structure s'apparenterait à une base de données et carrément inventé l'index. Saint Isidore de Séville, fais que  les utilisateurs ne renâclent plus à s'occuper des tests, Saint Isidore de Séville fais que le mythe des fuites mémoires tienne le coup, Saint Isidore de Séville fais que les ingénieurs système ne m'envoient plus sur les roses, Saint Isidore de Séville fais que le serveur ne reboote plus toutes les nuits, Saint Isidore de Séville fais que nous n'ayons jamais besoin de remonter les sauvegardes de cette semaine, pour tout cela Saint Isidore de Séville, nous te prions. Un coup de main de sainte Rita ne sera sans doute pas inutile.

Après avoir transmis ces ferventes prières, nous avons accompli l'ascension de la Giralda. C'est le surnom du clocher de la cathédrale. En fait, ce clocher est un minaret. Autrefois, à l'emplacement de la cathédrale s'élevait une mosquée almohade. Les espagnols l'ont détruite pour élever le cathédrale mais comme ils avaient la flemme de construire des tours à l'échelle da cet immense bâtiment, ils ont gardé le minaret et ils en ont juste modifié un peu le haut pour accrocher les cloches. Ensuite ils ont surmonté le tout d'une girouette (Giralda en espagnol, vous saisissez ?) allégorie de la foi ( je crois, je crois pas, je crois, je crois pas, c'est pas vraiment malin).

L'ascension de la Giralda s'effectue sans trop d'efforts parce qu'elle s'effectue à l'aide de rampes inclinées. Autrefois, le muezzin montait là haut sur un âne. Bien vu. Et la vue est de toute beauté, sur la cour des orangers, les toits de la cathédrale, la ville. Mais le lendemain, quand même, mal aux cuisses.

Le lendemain, nous avons visité le real alcazar. En Andalousie, il faut oublier le concept français de demeure royale. Pour nous ça évoque un château, composé d'un corps de bâtiment et de quelques ailes, avec une certaine unité et organisation maintenue au fil des remaniements. Un alcazar, c'est plus fantaisiste. C'est clos par un mur, plus ou moins, ça comporte une dizaine de bâtiments collés les uns aux autres au fil des siècles sans souci d'harmonie ou de commodité, des cours intérieures en veux-tu en voilà, de vastes jardins et des tas de fontaines et pièces d'eau juxtaposés selon le même système de ne pas en avoir. Et ça fait un effet boeuf, c'est magnifique, distrayant et plein de surprises. Bien entendu, on a toujours tendance à trouver que les parties les plus anciennes sont les plus belles. A Séville par exemple, le palais de Pierre le Cruel, de style mudéjar est beaucoup plus beau que le palais construit par Charles Quint. Il n'a pas eu da chance Charles Quint, c'est un peu comme s'il était passé à côté de la Renaissance en architecture. Mais ses états étaient si vastes qu'il a peut-être fait mieux ailleurs, en Sicile ou en Flandres.


Il arrive encore à la famille royale espagnole (l'actuelle, pas celle de Pierre le Cruel) d'occuper des appartements dans l'alcazar quand elle est de passage à Séville. La classe !


Nous avons aussi visité deux riches demeures patriciennes, la casa de Pilatos et le palacio de Lebrija. Toutes deux sont organisées autour de patios enchanteurs, présentent des mosaïques romaines, des murs couverts d'azulejos,des stucs finement ciselés. La casa de Pilotos surtout est remarquable. Elle est ainsi nommée soit-disant parce que son plan rappelle celui du palais de Ponce Pilate à Jérusalem (un argument de l'architecte, sans doute). Dans un angle de la cour principale, une statue de Pallas Athéna de toute beauté règne sans effort.


Nous nous sommes aussi beaucoup promenés et nous avons arpenté la ville en tous sens, de la place d'Espagne (bel hommage à l'art des azuléjos, à mon avis la vue d'ensemble vaut mieux que les détails) au quartier de Triana, des arènes au rives du Guadalquivir, de l'hôtel Alfonso XIII au museo de bellas artes. Nous avons essayé de visiter toutes les églises que nous croisions sur notre chemin. Mais elles étaient souvent cerradas. Bizarrement, les espagnols croient encore que les églises sont faites pour qu'on y dise des messes et ils ne les ouvrent qu'à ces moments-là. Nous n'avons pu visiter l'église de la Charité qui a pourtant de superbes azuléjos en façade. Nous avons dû nous y prendre à deux fois pour voir El Salvador et ses retables baroques, la Magdalena et ses fresques en perdition, la chapelle San Jose aux allures de grotte dorée.

 

 

P1020698.JPGA l'hôtel, le patio devant notre chambre.

 

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Tite clope avant d'entrer.

 

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Le fameux retable.

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La Giralda.

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Au Real Alcazar

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Le salon des ambassadeurs

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Dans les jardins

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Place d'Espagne

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Azulejos de la casa de Pilatos

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L'Homme quitte toujours son chapeau dans les églises, par respect, et moi je fais le signe de croix par pitrerie.

 

Suis obligée de vous quitter de façon un peu abrupte. Un rendez-vous avec Sandrine, ma coiffeuse. A demain pour la suite , les orangers, le vino de Jerez. et quelques Murillo.

Publié dans Rhoda

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B
<br /> Hâte de voir la suite !<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Allez en paix, mes agneaux !<br /> <br /> <br />
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